Cette tribune a été publiée dans le numéro 26 de Smart City Mag, juillet 2019.

Il n’est plus de collectivité territoriale qui ne se pose aujourd’hui la question de la transition numérique, via le développement de services innovants à destination de ses résidents, touristes, travailleurs, étudiants, mais aussi entrepreneurs, commerçants et industriels. L’enjeu se place au niveau de la valeur économique créée, de l’impact sur le quotidien, de l’attractivité et des différentiateurs territoriaux. Dans un contexte tendu de dotations et de ressources fiscales, c’est pour nos villes le besoin de définir ce qu’on pourrait appeler un « modèle d’affaire urbain » qui permettra de garantir la soutenabilité économique et sociétale de leur stratégie.
À l’origine très technologique, la smart city se doit d’adopter une approche holistique, en y adjoignant les dimensions de l’innovation d’usage, mais aussi celle de l’innovation politique. Cette dernière englobe la construction d’une vision stratégique, et fait évoluer le rapport entre gouvernance, société civile et acteurs économiques.
Pour le dire simplement, avant de se poser la question du « quoi faire », il est nécessaire d’en passer par le « pourquoi », en identifiant les problèmes à résoudre et les objectifs de haut niveau, puis par le « comment », pour déterminer les voies porteuses d’une transformation acceptable et fertile. Face à cette complexité, la formation et l’accompagnement des personnels en poste et des décideurs sont primordiaux. Si l’enseignement supérieur commence à concevoir et à dispenser des spécialisations sur le sujet, s’adressant plutôt à des étudiants en Master ou à des ingénieurs de dernière année, la formation continue peine à dépasser le stade de la mise à disposition parcellaire des différentes connaissances nécessaires.

Multidisciplinarité

La ville intelligente n’est pas une discipline monolithique, mais est à la croisée de nombreuses autres : technologie, sciences humaines, sociales et économiques, qui font chacune l’objet de cursus particuliers. L’ensemble des connaissances nécessaires dépasse la capacité d’un individu, fût-il brillant. Il faut favoriser la fertilisation mutuelle des esprits, en développant une dynamique au sein d’un groupe multidisciplinaire.

Innovation de rupture

Tout comme l’automobile n’a pas été inventée en perfectionnant le cheval, les villes de demain ne verront pas le jour uniquement grâce à des améliorations incrémentales. Concevoir les ruptures nécessaires oblige à une approche méthodologique structurée, basée sur la capacité d’un groupe à faire émerger des concepts radicalement nouveaux, à partir des connaissances fraichement explorées et de la dynamique collective qui a été créée.

Apprendre en faisant

Depuis presque un siècle, des pédagogues, tels que Célestin Freinet et Maria Montessori, ont mis en évidence l’importance de la confrontation de l’individu avec son environnement physique, social et sensoriel, dans l’acquisition de connaissances et de compétences nouvelles. La pédagogie active, en mode projet, devient un fondamental incontournable des programmes d’enseignement, à l’image de l’option Smart City que l’ESTP ouvrira à Dijon à la rentrée 2019.
Multidisciplinarité, dynamique de groupe, innovation de rupture et éducation active sont à la base de la possibilité pour l’écosystème urbain de développer ses compétences humaines, son autonomie et affirmer sa capacité à dépasser l’existant. En partant des problèmes réels et des cas d’usages du territoire, en recherchant des connaissances manquantes et en conceptualisant les solutions, on peut tout à la fois répondre au besoin initial de formation et mettre en œuvre la transition.
C’est donc une extraordinaire opportunité qui s’offre à nos collectivités territoriales de s’engager solidement et durablement sur la voie des évolutions auxquelles elles aspirent. Dans ce cadre, l’accompagnant est le catalyseur chargé de révéler le potentiel latent du groupe qui lui est confié.

Gilles Betis, OrbiCité

 

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