Bien avant que le COVID-19 ne fasse son apparition et ne vienne bouleverser notre quotidien et notre économie, le débat était certes vif, mais peu productif, concernant des sujets tels que la revitalisation des centres-villes, l’intérêt des circuits courts dans nos modes de consommation ou le soutien à une agriculture locale de qualité face à une industrie agroalimentaire mondialisée.

Et voilà qu’en quelques semaines, ce microscopique acteur nous ramène à des réalités aussi vitales que la sauvegarde de nos commerces et activités économiques de proximité ou notre responsabilité face à la globalisation et à la spécialisation géographique des productions. Le problème de la pénurie de masques en est un excellent exemple. Mais encore, et de manière évidente, il nous renvoie à l’élément essentiel que constitue pour tout pays ou toute région la sécurité alimentaire de ses habitants.

Subitement privés de la proximité physique régulière que nous entretenons avec notre entourage proche, collègues, amis ou connaissances, et, plus largement, privés de la sérendipité de nos rencontres ordinaires, nous ressentons cruellement notre isolement dans ce contexte de confinement.

Le numérique est alors présenté comme une solution universelle à tous ces problèmes. Créons des places de marché locales, mettons en avant nos maraichers, artisans, commerçants, promouvons les vertus d’une alimentation saine et accessible au plus grand nombre.

Mais cela sera-t-il suffisant pour opérer une véritable transition dans nos quotidiens ?

N’allons-nous pas retourner encore plus rapidement dans nos anciennes pratiques lorsque la crise sera passée, prisonniers d’expériences de vie qui ne nous laissent plus que très peu de liberté pour initier quelques changements que ce soit ?

Réfléchissons alors aux meilleures façons de se libérer de ces carcans. L’attention et le temps sont les deux matières premières les plus importantes à ce jour, qui permettent justement de retrouver l’initiative. Gagner du temps pour appliquer notre attention à ce qui est vraiment important pour changer les choses.

Commençons donc, très modestement, à retrouver ce temps dans nos parcours quotidiens.

Les places de marché hyperlocales mentionnées plus haut sont un élément de solution parmi d’autres et mettent en avant l’intérêt des produits et des services de proximité. Néanmoins, elles interrogent immédiatement sur la viabilité des circuits logistiques locaux. Là où un DHL est pertinent au niveau mondial, à l’échelle d’une collectivité territoriale il faut imaginer un réseau qui mixe les ressources des déplacements existants (remplir les véhicules qui circulent déjà, utiliser les trajets des particuliers ou les navettes régulières des transports publics, des taxis ou des services publics), en les complétant de préférence avec des moyens innovants et responsables. La gestion de ces flux représente des gisements d’emploi importants, et, adossé à l’Économie Sociale et Solidaire, devient un excellent moyen d’insertion et d’inclusion, pour gérer collectes, acheminements et mises à disposition des marchandises.

Ce temps libéré, qu’allons-nous en faire ?

Nous avons développé une nouvelle sensibilité aux ressources qui nous entourent et à la richesse de notre propre territoire. De résidents, nous pouvons devenir progressivement des habitants. Le lien qui nous unit se renforce et fait naître cette disponibilité à s’engager avec d’autres dans des initiatives associatives, solidaires, familiales, entrepreneuriales ou politiques. La qualité de notre attention pendant ce temps retrouvé représente la valeur que nous pouvons créer au quotidien.

Et c’est là que nous retrouvons notre environnement numérique, qui nous permettra d’intégrer notre écosystème local global dans un réseau de proximité créateur de bonheur, de prospérité et d’inclusion.

Gilles Betis, Président d’OrbiCité et CEO de natural idées,

Cet article a été publié sur le blog de natural idées, et également en version abrégée sur le site The Alchemists

Image par Dominik & Frederike Schneider de Pixabay

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